Date de la publication : Décembre 2018

Santé psychique des MENA Partie III : Impacts des vulnérabilités au quotidien

Parce que le secteur des droits de l’enfant se doit d’être le porte-parole des difficultés d’être et de se projeter dans l’avenir des plus vulnérables, la Coordination des ONG pour les droits de l’enfant (CODE) a décidé de proposer un triptyque d’analyses sur le thème de la santé psychique des migrants de moins de 18 ans (et en particulier des MENA), dans une perspective pluridisciplinaire. Ainsi, la CODE a-t-elle publié une première analyse sur l’état de la situation des violences subies par les mineurs migrants (2016), puis une deuxième sur les traumatismes et symptômes récurrents (2017).

Ces analyses ont notamment été l’occasion de souligner que différents éléments pouvaient avoir des effets sur la santé mentale des migrants, et en particulier des MENA : les violences dans les pays d’origine, le trajet migratoire, les pressions sur les familles et les jeunes pendant et après le parcours migratoire, la migration comme expérience de ruptures, la violence institutionnelle dans le pays d’accueil, en ce compris la difficulté d’accès aux soins… Pour nombre d’enfants concernés, il s’ensuit une détresse psychologique intense, y compris dans des dimensions peu visibles (troubles du sommeil, de la concentration, flash-backs des traumatismes vécus, solitude, angoisses…). Or, l’enfance et l’adolescence sont des périodes charnières de développement de construction, ce qui fait que ces difficultés vécues peuvent avoir des impacts tout au long de la vie.

La présente analyse a pour objectif de faire prendre conscience des impacts des vulnérabilités des MENA (mais aussi des enfants migrants accompagnés de leurs proches) sur leur quotidien, sans pour autant les enfermer dans une identité de « migrants en grande difficulté psychique ». Il faut bien garder à l’esprit que l’immigration n’est pas systématiquement une source d’inadaptation ou de troubles d’ordre mental. Le développement de troubles après une expérience traumatique n’est d’ailleurs pas systématique. Cela dépendra de l’histoire de la personne ainsi que de sa capacité d’adaptation et spécifiquement de résilience, qui est cette capacité à vivre, à s’en sortir et à se développer en dépit de l’adversité. Ce qui est certain, c’est que le processus migratoire crée des populations vulnérables traversées par des stress intenses.
Parce que chaque identité est impossible à cerner simplement et est, au contraire, « enchevêtrée dans une embrouille de fils indémêlables », la CODE souhaite avant tout donner au lecteur des clefs de compréhension comme autant de pistes pour accueillir et, pour certains (professionnels et bénévoles), accompagner les MENA de la manière la plus adéquate possible.

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